La méteo des mots

Le début de la fin

C’est à partir de la deuxième semaine de congés que tout est parti en vrille. Pourtant, tout avait bien commencé. Lundi, je suis allée chez le dentiste pour un détartrage. Comme la petite n’était pas là, Kémi et moi sommes sortis le mercredi. Finalement, pas vraiment le date auquel je m’attendais. Il m’a accompagné acheter des livres à la librairie et après nous sommes allés manger caribéen. Le soir on s’est couché devant la télé, devant le Jamel Comedy Club. Je sentais ses mains parcourir mon buste.
Je savais qu’il attendait quelque chose de moi. Je l’ai su avant même que la petite ne parte.

Kémi s’est endormi et je me suis dis qu’il ne se passerait rien, finalement. Mais je ne sais pas combien de minutes plus tard, alors que j’étais au bord de l’endormissement, il y a eu un retournement de situation. Il s’est mis à me toucher, de manière plus appuyée, puis à m’embrasser. Je me suis dit pourquoi pas, après tout. Je lui ai rendu ses baisers.
Pour la première fois depuis que nous sommes ensemble, j’ai eu un orgasme pendant les préliminaires. Cela m’a fait tellement mal au ventre que j’ai dû aller aux toilettes. On n’a pas pu continuer. J’ai ressenti un sentiment étrange. Un sentiment de flou. La douleur que ressentait mon corps était un signe.

Je ne saurais mettre de mots sur ce qui s’est passé.

Jeudi j’ai vu mon cousin avec sa femme et sa fille. On a passé un agréable moment ensemble, eux, ma fille et moi.
Le lendemain, je recevais mon frère et sa compagne à dîner. Kémi s’était occupé de tout le repas : de l’entrée jusqu’au dessert. Il a sorti le grand jeu. Comme d’habitude, il a su plaire à ma belle-sœur avec ses débats et témoignages à cœur ouvert. Il a parlé de son enfance douloureuse, en parlant d’histoires que j’ai dû entendre des dizaines de fois. Ma belle-sœur s’est aussi confiée et ce qu’elle a dit m’a marqué.

Elle parlait dû fait qu’à un certain moment elle ne parlait plus à sa mère. Elles étaient en froid car cette dernière était contre le fait que sa fille se soit séparé de l’homme avec qui elle était pendant cinq ans. Sa mère avait dû mal à accepter mon frère au début de leur relation à cause de cela. Ma belle-sœur a dit à sa mère que tant qu’elle n’acceptait pas le fait qu’elle ne soit plus avec son ancien compagnon, elle ne lui parlerait pas. Il s’agissait de sa vie, elle la menait comme bon lui semblait que cela lui plaise ou non.
Quand j’ai entendu cela, j’ai pensé à la réaction qu’avait eu ma mère quand je lui avais parlé de la séparation de Kémi et moi (avant qu’on se remette ensemble à nouveau). Sa réaction m’avait terriblement déçu mais le fait de voir que ma belle-sœur avait connu une situation similaire m’a réconforté et conforté dans le fait que je ne pouvais pas vivre une vie juste pour plaire à mes parents ou qui que ce soit d’autre.

Le samedi je reprenais le travail tout en étant malade. Une infection virale. A la fin de mon service, je m’attendais à ce que Kémi vienne me chercher. Or, après lui avoir envoyé un message, il me répondit que son ami était là et qu’il ne pouvait pas venir. J’étais un peu à fleur de peau. Ca m’a touché qu’il me dise ça, d’autant qu’il pouvait laisser cinq minutes son ami pour me récupérer.
J’ai marché jusqu’à chez nous en trainant des pieds. J’ai fait un détour. Je voulais continuer à marcher et tenter d’apaiser mon flot de pensées. J’ai un peu pleuré en me demendant pourquoi je pleurais pour cet individu. Kémi m’a appelé plusieurs fois sans que je réponde. En rentrant, on s’est juste dit bonsoir. Il ne m’a pas demandé pourquoi je ne lui avais pas répondu et pourquoi j’étais rentré si tard.

Ce soir là, il a dormi sur le canapé.

Le lendemain, quand je me suis réveillée, il était parti à la salle de sport. Je me suis connecté à son ordinateur et j’ai regardé ses messages. Je ne sais pas d’où m’est venue cette idée. J’ai découvert qu’il entretenait une relation avec une fille. Il l’avait vu à plusieurs reprises, ils étaient même allés à l’hôtel. Il lui donnait les mêmes noms affectueux dont il m’affublait, lui disait que quand ils se verraient sur Paris ils se tiendraient par la main.
J’ai vu une autre conversation où il draguait une fille le jour du mariage de ma cousine.
J’ai pris des photos de ces conversations puis je lui ai envoyé un message sur whatsapp que j’ai aussitôt supprimé.
Il a eu le temps de le voir et est rentré deux minutes après, en me reprochant d’avoir consulté ses messages. Il a dit qu’ils ne s’était rien passé avec la fille à l’hôtel, qu’il s’agissait d’une fille qu’il avait connu au lycée et qui avait des problèmes de couples comme lui. Il a dit que c’était juste des messages pour prendre confiance en lui, savoir qu’il séduisait toujours. Après un long silence, je lui ai dit que ce n’était plus possible de continuer comme ça. Il a déclaré notre séparation à la CAF.

Le lendemain, j’ai de nouveau regardé sur son ordinateur, et j’ai découvert qu’il avait dragué une de ses collègues de travail. Il disait à la fille de l’hôtel que ses collègues femmes, d’une quarantaine d’années, étaient attirées par lui.
Je lui ai de nouveau envoyé un message que j’ai supprimé mais qu’il a eu le temps de voir. Il s’est encore énervé puis après une longue conversation, il m’a présenté ses excuses. Il a avoué m’avoir trahi. Il m’a dit que si cela me faisait du bien de voir ses messages, il ne changerait pas de mot de passe.

Le lendemain, il avait changé son mot de passe.

Les premiers jours, j’avais envie qu’on retourne ensemble. Je me disais que je ne pourrai jamais me débrouiller sans lui, que seul lui pourrait m’aimer. Mais maintenant, je sais que c’est la bonne décision. Je n’ai ni regrets ni remords. Nous avons essayé, ça n’a pas marché. Depuis, il enchaîne les démarches administratives et les visites pour quitter le logement.
Je commence à imaginer ma nouvelle vie, dans ce logement que je pourrai décorer comme je le désire.

C’est le début d’autre chose.