La méteo des mots

5. Mon cœur reste ouvert : histoire de mes ex (ou presque)

"Eric" : un crapaud déguisé en prince

Eric était un ami de mon cousin. Il avait un corps de fou, très musclé, mais sa tête n’était pas ouf. Souvent, avec Marie, on se disait qu’on prendrait bien le corps sans la tête (vous nous excuserez les pensées puériles qu’on avait à l’époque). J’avais essayé de le brancher avec Marie. Ils s’étaient fréquentés pendant quelque temps mais cela n’avait rien donné. Elle m’avait fait part d’une certaine gêne qu’elle ressentait vis-à-vis de lui. Malgré leurs multiples rendez-vous, leur relation n’avait pas progressé. Il manquait d’assurance, d’esprit d’initiative, et leurs conversations étaient ennuyeuses.

Danny et moi c’était fini et Marie, quant à elle, était en couple désormais. Je renouai contact avec Eric. Je me souviens de notre premier “rendez-vous”. Il m’avait invité au cinéma voir un film Marvel, me semble-t-il. Je m’étais habillée très sexy : une mini jupe en dentelle et son crop top à bretelle assorti (je n’avais pas froid aux yeux à l’époque). Il avait fait une réflexion sur ma tenue. Un truc du genre : “tu vas pas avoir froid comme ça ?”. Il ne plaisantait pas. Il n’avait pas l’air de vouloir me reluquer, même discrètement (ce qui est une bonne chose en soi, mais ça me donnait l’impression qu’il n’avait rien à foutre de moi).
Pendant toute la durée du film, j’avais espéré un rapprochement de sa part, sans succès. C’est à peine si nos cuisses se touchaient. Après le film, on était allé mangé un bout sur le chemin. La discussion n’était pas folle. Je me disais que Marie avait raison.

Mais bon, je me dis qu’il devait être timide. Et puis, il était le contraire de Danny. Ce qui l’intéressait c’était les discussions plutôt intellectuelles (en vérité, plutôt scolaire) et il tenait à avoir une fille à ses côtés qui prenait soin de son corps. Il travaillait, avait une voiture, s’intéressait à mon parcours scolaire, à mes capacités. Mis à part son visage, il était canon et semblait sérieux (LOL). Je ne sais plus exactement comment cela s’est passé mais on s’est mis à sortir ensemble.
Au début, il venait me chercher avec sa voiture. On allait dans la ville où il habitait et on traînait un peu. Puis un jour sa voiture est tombée en panne et c’est moi qui ai dû me déplacer pour venir le voir.
Je prenais le bus qui me déposait dans le centre ville de la commune où il habitait. Puis je prenais un “taxi” jusqu’à chez lui (ça ressemblait plus à un minibus qu’un taxi, mais il tenait à ce qu’on utilise ce mot, il était tatillon, pour pas dire chiant, sur l’usage des mots).
Je suis allée chez lui, enfin chez sa mère, deux ou trois fois. C’était une petite maison. Il n’y avait pas de séparation entre le salon et la cuisine. Les chambres (celle de sa sœur, de sa mère et la sienne) étaient en enfilade. Pour que sa mère puisse arriver dans sa chambre, il fallait d’abord qu’elle passe par celle de sa fille et celle de son fils. Heureusement, quand on se voyait, on était que tous les deux.

La première fois que je vins chez lui, on fit l’amour. Il jouit très vite, ce qui me frustra. J’avais un peu honte de me montrer nue devant une nouvelle personne. Il s’excusa, me dit qu’avec le sport il tenait moins longtemps. Je ne le crus pas. J’avais l’impression que c’était sa première fois. Je me rappelle que son visage était humide de sueur et que je l’avais embrassé du bout des lèvres.

On se revit chez lui. Il m’offrit une peluche. Contente, je le remerciai chaudement. Je pensais qu’il l’avait spécialement acheté pour moi. Mais en allant dans sa chambre, alors qu’il tentait de refermer discrètement la porte de son armoire qui s’était ouverte, je découvris qu’il avait plus d’une dizaine de peluches, identiques à celle qui m’avait offerte. Gêné, il m’expliqua qu’on les lui avait donné au travail. Cela me fit une drôle d’impression. Un goût de déception.
Ce jour-là j’avais mes règles et je me disais qu’on allait juste passer un moment tranquille ensemble. Il m’avait fait un sandwich avec du beurre de cacahuète puis joué quelques notes au piano (lui avait un vrai piano pas comme mon père qui avait juste un “clavier” avait-il pris soin de me rectifier) Mais il avait aussi envie d’autre chose. Lui dire que j’étais indisposée ne le freina guère dans ses plans. Il me proposa d’aller dans la salle de bain où il prit possession de moi. J’aurais pu dire non. Je n’ai pas dit non. Mais après coup, quand je repense à la scène, je me dis que c’était uniquement son plaisir à lui qui comptait. Il n’a pas pensé une seule seconde à moi.
Je ne pris aucun plaisir (comme la fois d’avant). Cela prit fin quand sa mère l’appela pour le prévenir qu’elle rentrait. Il se dépêcha de tout nettoyer. Sa mère était une très belle femme. J’appris par ailleurs, alors que cela faisait un moment qu’on se connaissait, qu’il était originaire d’une autre île. J’avais l’impression qu’il avait eu honte de ses origines.

Avec son travail et sa voiture tombée en panne, on ne se revit pas beaucoup. Je ne voulais plus être celle qui allait le voir en bus. Lui refusait de venir me voir tant que sa voiture était en panne.
Cela faisait peut-être deux semaines que je n’avais pas vu Eric quand je décidai de rencontrer un garçon, Kémi, que j’avais connu sur Facebook. Il m’invitait à assister à un tournage. Ce n’était pas un rencard. Il y aurait du monde, je me dis ça me changerait les idées. Ce jour-là pourtant, il se passa quelque chose d’extraordinaire. Ce qu’on pourrait appeler un “coup de foudre”, entre Kémi et moi.
Je décidai de quitter Éric, quelques jours avant la Saint-Valentin. Si notre relation a duré un mois, c’est déjà beaucoup. Avec le recul, je me dis que c’était une relation éponge. J’avais tellement souffert avec Danny.

Maintenant, j’étais prête à vivre une relation saine avec Kémi. Ce serait la plus longue. Mais elle ne serait pas sans turbulences…