La méteo des mots

4. Mon cœur reste ouvert : histoire de mes ex (ou presque)

"Danny", un amour à sens unique ? Partie 2

Cette annonce sortait tout droit d’un chapeau.
"Je vais avoir un enfant."
Comment ça ?
"Tu es papa ? demandai-je incrédule.
Il m’expliqua que son ex était tombée enceinte de lui et qu’elle souhaitait garder l’enfant. Elle devait être enceinte de six mois à peu près. Il était sûr d’être le père car ils avaient réalisé un test de paternité à l’hôpital.
J’avais dix-sept ans, j’étais amoureuse et il semblait vraiment avoir peur de me perdre. La moi adulte aurait probablement pris une autre décision.

Je restai avec lui.

Pendant que son ex poursuivait sa grossesse, on poursuivait notre amour.
On dormit chez son père lors du nouvel an. Ma marraine était la seule adulte au courant de ma relation. Ça faisait du bien de se sentir comprise, de savoir qu’avoir un copain n’était pas une mauvaise chose. A demi-mot, je lui ai expliqué que Danny avait un enfant. Elle avait réagi en disant que tant qu’il était sérieux et qu’il n’était plus avec la mère de son enfant ça ne posait pas de problème. Ça m’avait rassuré.

Je crois que le jour où sa fille est née, on était ensemble. On faisait l’amour. J’étais heureuse pour lui. J’étais heureuse pour nous car je me disais que ça ne changerait rien pour nous. (Quelle naïveté)

On se voyait un peu moins depuis qu’il était père, ce qui est compréhensible. Pour des raisons un peu floues, Danny ne vivait plus avec ses parents (sa mère et son père sont séparés). Il m’avait confié évasivement que sa mère l’avait mis à la porte une fois majeure. Pendant un certain temps il fut hébergé par Faustine mais à la naissance de sa fille il m’informa qu’il vivait désormais chez sa tante. Son amour n’avait pas changé. Quand on se voyait, on prenait le bus ensemble sur le chemin du retour et je le regardais descendre la petite allée qui menait chez sa tante le cœur léger.

J’avais encore un compte Facebook. Je publiais quelques photos de moi. Jamais de Danny et moi. Mais un jour, je décidai de publier quelques photos de nous, notamment durant les fêtes chez son père.
Le cauchemar commença à partir de ce moment-là.

Un jour, je reçus un long message sur le réseau social. Ce n’était pas bien écrit mais le fond du message était assez clair. C’était principalement des insultes. La personne qui l’avait envoyée me traitait de salope. J’étais vraiment choquée. ( A l’époque on ne parlait pas des haters) Le message venait d’un compte appartenant à une association carnavalesque. Mais dans la journée, la personne me bloqua et je n’eus plus accès à ce compte.
J’en parlais à Danny qui ne réagit pas plus que cela. J’essayai de passer à autre chose mais ce que j’avais lu me restait en mémoire.

Quand sa fille eut quelques mois, Danny et moi passâmes un week-end chez sa mère. Je voulais faire bonne impression. J’avais l’impression que je devais prouver que j’étais meilleure que l’ex de Danny, même si je ne l’avais jamais vu. La mère de Danny était une femme coquette qui avait plusieurs prétendants. Elle était très heureuse d’être mamie. Elle traitait sa petite fille avec beaucoup d’amour. J’aimais bien prendre la petite dans mes bras. Elle était le portrait craché de son père.
On discutait avec sa mère et j’en vins à parler du message haineux que j’avais reçu. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me dise de faire attention à ce que je publiais sur Facebook. Et par là, je compris bien qu’elle parlait de photos de Danny et moi.

Mon instinct ne m’avait pas trompé. Derrière ce message se cachait l’ex de Danny. Elle était jalouse de moi. C’était une amie de la mère de Danny, elle était plus âgée que lui. J’étais sa rivale.

Poussé par sa mère, Danny s’inscrivit au RSMA. Il devait prendre ses responsabilités. Avoir un permis, trouver un travail pour pouvoir s’occuper de sa fille.
A partir de là notre relation dégringola.

Il travaillait et dormait au RSMA. Il n’avait pas de permissions tous les week-end. Parfois il partait en mission dans la forêt et je n’avais pas de ses nouvelles pendant des jours. On ne se voyait plus beaucoup, j’en souffrais.
J’avais reçu d’autres messages de haine venant de son ex. J’étais en colère. A cette époque, j’étais proche d’une des sœurs de Danny. Elle me disait que j’étais plus belle que son ex. Nos conversations me donnaient de la force. Puisque j’avais vu ses parents et connaissait ses frères et sœurs, je me sentais légitime dans mon rôle de copine (Quelle naïveté)

Un jour, je ne vis plus le compte Facebook de Danny. Quand je lui demandai pourquoi, il m’expliqua qu’il avait dû supprimer son compte. Je compris que son ex (Gertrude) était très jalouse et qu’elle le fliquait.
En vérité, il m’avait bloqué.
Petit à petit, il s’éloignait. Le week-end, quand je l’appelais, il ne répondait pas.
Je finis par découvrir que la tante chez qui il était censé habiter était en réalité chez Gertrude.

Ma mère, qui avait fini par apprendre que j’avais un copain et l’acceptait plutôt bien, assista à mon douloureux chagrin d’amour.

Je me rappelle qu’un jour je l’avais appelé plus d’une quarantaine de fois sans réponse. Au bout d’un moment, je lui avais laissé un message en le traitant de connard. Il avait eu le toupet de s’en offusquer ! (Par quel autre mot voulait-il qualifier la manière dont il m’avait traité ?)
Son service fini, il commença à travailler au palais de justice. Un jour je m’y rendis, après avoir avalé une certaine quantité de comprimés de doliprane. Je voulais qu’il voit dans quel état il m’avait mis. Tout ce que j’obtins fut son mépris. Il me demanda de partir. Je le dérangeais.

Petit à petit, je me fis à l’idée que c’était fini. J’essayai de me venger en me rapprochant d’un de ses amis. Cette année-là, je participai à un concours de beauté dans l’espoir de lui montrer ce qu’il avait perdu (au final, je n’ai même pas fait partie des finalistes, la honte). Des semaines après, j’ai vu qu’il avait commenté un de post pour le concours en disant qu’ils me soutenait et qu’il souhaitait me voir gagner.

Quelques mois plus tard, alors que je commençais une nouvelle relation , il passa me voir chez mes parents. Je l’avais déjà vu à plusieurs reprises devant le lycée. Il sortait avec une lycéenne toute mignonne.
On avait discuté un petit peu, je lui avais joué quelques notes à la guitare. J’avais trouvé ce moment sympa. Il était un peu ambigu. Je savais qu’il avait une idée derrière la tête. Il me donnait l’impression d’être de nouveau célibataire. Plus tard, il m’a envoyé un message pour me demander si je voulais coucher avec lui car on avait une ‘alchimie”. Je me suis contentée de lui répondre que j’étais en couple désormais. Je ne lui ai plus parlé après.

C’est l’une des raisons pour lesquelles je me demande, encore aujourd’hui, s’il m’a vraiment aimé. Nous sommes sortis ensemble pendant neuf mois. J’avais l’impression qu’on était vraiment proche. On rigolait, on se comprenait, on avait une alchimie sexuelle. Mais au final, peut-être que je n’étais pas si spéciale pour lui. Peut-être que je n’ai pas compté, que c’était juste pour le sexe.
Parfois, je me demande ce qu’il devient. Je suis tombée sur des comptes à lui sur les réseaux sociaux. Mais à quoi bon ? Il ne pense sûrement pas à moi.

Après cette relation, je me suis promis de ne plus jamais souffrir pour qui que ce soit. Je me suis même fait faire un tatouage. J’allais enfin me concentrer sur moi.

C’est ce que je croyais…