La méteo des mots

3. Mon cœur reste ouvert : histoire de mes ex (ou presque)

"Danny", un amour à sens unique ? Partie 1

Arrivée au lycée, j’étais métamorphosée. Ma mère ne pouvait plus me reprocher mon manque de coquetterie car je mettais des bijoux et prenais plaisir à me maquiller grâce aux conseils de Coco. Je portais enfin des jeans *pour filles* à ma taille (fini les baggys informes que je me coltinais en 3ème). Les gens qui se moquaient de moi au collège me complimentaient désormais. J’allais me découvrir une passion pour le shopping et la classe de seconde allait être celle où je sécherai le plus les cours…

Cette année-là, je me rapprochai de Marie, une ancienne camarade de classe. Je me mis à sortir avec elle comme je l’avais fait avec Coco. On allait sur le terrain de basket et on traînait avec mes frères, mes cousins et leurs amis. Ma mère me laissait un peu plus de liberté.
Quand Marie me demanda si j’avais déjà eu un copain, je n’osai pas lui parler de ma maigre (et regrettable) expérience avec Henri, d’autant qu’elle connaissait sa mauvaise réputation. J’inventai une histoire : j’étais sortie avec un ami (imaginaire) de mon frère pendant plusieurs mois. Marie sembla m’envier. Elle n’avait jamais eu de copain ni embrassé de garçon.
Notre objectif fut donc de lui trouver un garçon à embrasser. Comme elle est claire de peau, elle attirait facilement les garçons. Au début, elle était assez exigeante mais au bout de quelques semaines elle céda et choisit un gars, clair de peau lui aussi, qu’elle avait connu à l’école. Elle me confia qu’elle n’avait pas apprécié ce premier baiser. Trop baveux.

Quant à moi, je parlais avec pas mal de garçons sur Facebook. Mon cercle d’amis s’était élargi à des gens que je n’avais jamais vus. Danny était l’un d’entre eux. On discutait bien et quand il me proposa de se rencontrer j’acceptai.
C’était un jour où j’avais cours, entre midi et deux. J’avais demandé à Marie de m’accompagner au cas où le type serait cinglé. Elle n’était pas très à l’aise (personne n’aime tenir la chandelle) mais quelle ne fut pas ma surprise de constater que lui aussi avait amené quelqu’un ! C’était une fille qu’il présenta comme sa meilleure amie. Elle le tenait par une des poches de son pantalon, ce qui de loin donnait l’impression qu’ils se tenaient par la main (redflag ?). Tandis qu’on déambulait à la recherche d’un endroit où manger, j’interrogeais Marie du regard. Est-ce qu’au final c’était vraiment un rendez-vous amoureux ?

Danny était plus petit que moi. Il avait la peau foncée, les cheveux bouclés par un curl et un regard de vicieux. Sa meilleure amie nous laissa après manger. J’étais contente car elle s’était juste contentée d’un signe de la main en guise d’au revoir. Peut-être qu’au final je me faisais juste des films.
En discutant, on eut la bonne surprise d’apprendre qu’on habitait dans la même ville ! Danny nous proposa alors de se rejoindre le soir au terrain de basket.
Là-bas, on put discuter plus en profondeur. Comme Marie rentra chez elle assez tôt, je restai seule avec lui. Au fil de nos échanges, on se rapprocha.

Un jour, Marie demanda sur le ton de la taquinerie si on sortait ensemble. C’est vrai que, visiblement, on en avait tout l’air. Mais je dis : "Tant que y’a pas de demande explicite on n’est pas ensemble." Le soir même, il me demanda de sortir avec lui et j’acceptai.
A partir de là, on ne se quitta presque plus. On se voyait les week-end et durant les vacances scolaires. J’allais sur le terrain de basket même quand Marie n’était pas là (ce qui éveillait les soupçons de ma mère).
Je me mis à traîner avec Faustine, une bonne amie de Danny. Je la connaissais déjà car on avait fait classe ensemble. A cause de sa phobie scolaire, Faustine faisait l’école à la maison. Elle habitait juste en face du lycée. Sa mère était souvent absente. Sa maison devint notre QG. On y faisait la fête. Il y avait de l’alcool, des cigarettes et des joints (je ne prenais qu’un verre ou deux, rien d’autre).
Ma mère, qui n’était pas dupe, voyait d’un mauvais œil ma soudaine amitié avec Faustine. Pour la rassurer, la mère de Faustine l’appela.
Désormais, j’étais couverte. Je pouvais aller dormir chez Faustine sous couvert de soirées “pyjama” alors qu’en réalité j’y allais surtout pour être avec Danny.

Notre relation me semblait fusionnelle. Il suffisait d’un regard pour qu’on se comprenne. On avait les mêmes délires et on savait comment susciter le rire chez l’autre. On avait même un journal de couple sur journalintime.com !
Même s’il me semblait un peu “vicieux” (il faisait pas mal d’allusions sur le sexe), il ne me pressait pas pour coucher avec lui.
On sortait beaucoup avec Faustine et son copain. Un jour, on alla se baigner à la rivière. L’excitation fut tellement forte que je perdis ma virginité dans l’eau. Sur le coup, je n’ai pas réfléchi mais en rentrant chez moi je me suis sentie coupable. On n’avait pas utilisé de préservatif. Qu’est-ce que j’allais faire si je tombais enceinte ?

Pendant tout un week-end, je fus incapable de répondre aux message de Danny. Cela l’inquiéta. Quelques jours plus tard, j’avais mes règles. J’étais soulagée. On se revit. On utilisa des préservatifs puis au bout d’un moment je décidai de prendre la pilule (j’étais jeune et naïve).
Tout se passait bien. On s’aimait. On faisait l’amour partout : à la rivière, à la plage, dans la forêt… Je voulais réaliser le plus de fantasmes que possible.

Et puis un jour il est venu vers moi et j’ai senti qu’il était mal à l’aise.
“Je vais avoir un enfant”, me dit-il.