2. Mon cœur reste ouvert : histoire de mes ex (ou presque)
"Henri" le colérique
C’était pendant les grandes vacances avant que j’entre au lycée. J’avais quinze ans. Une cousine (Coco) que je ne connaissais pas est arrivée de France. C’était la première fois qu’elle venait ici. On avait le même âge. Même si on était lié par le sang, on ne se ressemblait pas du tout. Ma cousine est métisse, elle a les cheveux bouclés et les yeux verts. Les gens d’ici ne cessaient pas de s’extasier devant sa beauté.
Installée chez notre grand-mère avec son frère, il a été rapidement décidé qu’elle viendrait chez mes parents passer du temps avec moi. A partir du moment où elle est venue dormir chez nous, ma vie a changé. C’est elle qui m’a appris à utiliser du maquillage pour la première fois et qui m’a appris à m’épiler les sourcils. Grâce à elle, on a commencé à sortir dehors sans parents. Moi qui n’avais pas l’autorisation de sortir !
On allait sur le terrain de basket voir les garçons jouer. Coco m’avait confié qu’elle venait tout juste de quitter son copain. J’étais impressionnée de voir qu’elle s’y connaissait plus que moi en amour et à quel point elle semblait plus mature. Mes parents, surtout ma mère, me couvaient trop. Je commençais de plus en plus à me plaindre du fait que je n’avais pas le droit de sortir, à la différence de mes frères dont l’un avait sensiblement le même âge que moi. Quand j’ai dit à ma cousine que je n’étais jamais sortie avec un garçon, elle s’est mis en tête de me trouver un copain. C’était l’époque où Facebook cartonnait (et où j’y étais encore). La plupart de mes contacts étaient composés de la famille, de camarades de classe et de connaissances.
Henri était l’un d’entre eux. Si je devais le décrire, je dirais qu’il avait la figure du bad boy. Il répondait aux profs, avait des notes médiocres et était sans conteste un élément perturbateur de la classe. Il avait quelque chose de dur dans le visage mais, détail très important, il était plus grand que moi en taille. Poussée par Coco, je me suis mise à discuter avec lui et on a fini par convenir d’un rendez-vous. Le hic, c’était que ma mère nous surveillait de près. On allait devoir ruser.
- On a qu’à dire à ta mère qu’on va rendre visite à papi et mamie.
Au départ, ma mère était franchement réfractaire mais elle finit par céder.
On devait se voir dans l’après-midi. Pour faire diversion, nous sommes bien allés rendre visite à nos grands-parents mais on n’y est pas resté très longtemps. J’avais un sentiment de culpabilité (qui allait au fil de nos sorties s’évaporer). Henri nous a rejoint sur le chemin.
Quand il a fait la connaissance de ma cousine, ses yeux se sont mis à pétiller. Sur le chemin qui nous menait jusqu’au terrain de basket, il n’a fait que lui parler à elle. Moi j’étais derrière eux à écouter ce qu’ils disaient (quel gros, mais très gros, redflag). J’étais même en train de me demander s’il n’allait pas plutôt sortir avec elle que moi. Il était évident qu’il était si obnubilé par ma cousine qu’il ne me donnait même pas l’heure.
On a fini par se poser à l’ombre. Ils ont continué à parler entre eux. Vers la fin il s’est un peu plus intéressé à moi (peut-être poussé par ma cousine, je ne me rappelle plus vraiment). A ce moment j’ai retrouvé un peu d’espoir (bonjour l’estime de soi). Il est possible qu’on se soit revu ou que cela se soit fait sur Facebook mais on a rapidement décidé d’officialiser. Je ne l’aimais pas et lui non plus. Le seul point positif de cette “relation” c’est qu’il embrassait comme un dieu. Il savait rouler des pelles à la perfection. C’était limite un peu trop. Sa langue tournait autour de la mienne en rythme et je devais prendre des pauses.
Un jour, il m’a donné rendez-vous la veille pour le lendemain. Coco étant allée dormir chez une autre cousine, je me suis retrouvée coincée. Je ne pouvais pas ni sortir seule ni prétendre accompagner mes frères au basket car ils y allaient en fin de journée. Par conséquent, je n’avais aucune raison valable de sortir seule en pleine après-midi.
Le jour j j’étais encore à me demander comment j’allais faire. Mon cerveau essayait de trouver une solution. J’essayai de convaincre ma mère mais elle était catégorique.
-Tu n’iras nulle part, asséna-t-elle avant d’aller faire sa sieste.
Henri était convaincu que j’allais venir. Il disait qu’il viendrait me chercher, qu’on irait dans la ville à côté se baigner à la rivière. Je savais qu’il avait un côté vicieux et qu’il voulait obtenir de moi plus que de simples baisers.
Quand l’heure du rendez-vous est arrivée, j’étais sur la véranda en train de bouillir de colère contre ma mère. Pas vraiment parce que je souhaitais absolument voir Henri mais plus contre l’interdiction de sortir que je trouvais injuste. Henri m’appela pour me demander où j’étais. Quand je répondis que j’étais toujours chez moi et que je ne pourrai pas venir, il se mit à me crier dessus. Il était tellement en colère que ça me fit peur. Je raccrochai et ne répondis plus à ses appels.
Pendant deux ou trois semaines, je ne lui ai plus parlé puis un jour il m’a envoyé un message pour savoir si j’étais “toujours fâchée”. J’ai répondu que je ne l’étais pas mais que notre relation était terminée.
Voilà comment s’est passée ma première "relation" qui, au final, n’en était pas vraiment une. On s’est fréquenté à peine une semaine. Rétrospectivement, j’admire la façon avec laquelle je l’ai ghosté une fois qu’il a révélé son caractère colérique.
Vous vous dîtes sûrement que cette histoire, aussi brève soit-elle, m’a permis de tirer des leçons.
Eh bien...pas du tout !