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Il y a des gens qui, dans leur manière d’interagir avec les autres, cherchent plus à blesser qu’à taquiner. Et parfois, je me demande si à ces gens là il faut répondre.
J’ai décidé de la jouer un peu plus cool au boulot. De plaisanter un peu plus, de ne pas me prendre la tête. J’ai envie d’avoir de bon rapport avec mes collègues même si avec certains ce n’est pas facile. Et puis, j’ai toujours préféré l’économie des mots au verbiage. Mais peut-être qu’avec le temps, je me suis renfermée un peu trop. Malik m’a dit d’ailleurs que ça se voyait que ma fille n’est pas comme moi. Elle est plus extravertie. Moi, j’ai du mal à faire confiance. Ce n’est pas exactement ce que je voulais dire. Quand je réfléchis, j’ai toujours eu besoin d’avoir mes petits moments pour moi. Des moments pour me retrouver, me ressourcer. Et je préfère être entourée par un cercle restreint avec lequel je me sens bien plutôt qu’une multitude intéressée.
Et puis je pense que ma relation avec Kémi a fragilisé quelque chose en moi. Ça a éteint cette partie flamboyante que j’avais adolescente (et qui peut-être sans lui se serait éteinte d’elle-même), celle qui aimait débattre avec les autres. Le fait de ne pas se sentir en confiance, en sécurité, m’a rendu méfiante. Peu à peu j’ai fermé ma bouche pour le laisser parler. Lui qui aime parler, qui aime avoir raison, lui qui d’une certaine façon me donne l’impression de ne jamais me comprendre…
Bref, ce matin quand mon collègue a voulu me "taquiner" (c’est-à-dire vouloir me blesser en pointant du doigt ce qu’il pense être une faiblesse), je lui ai répondu sans ciller. Et j’étais fière de moi car avant j’aurais pu le prendre mal, me fermer à la fois à l’intérieur et à l’extérieur, en ne disant rien.
Mais j’ai répondu. Parce que c’est quelqu’un que je vois tous les jours. Et que ce genre de personne, si vous ne répondez pas, finit par vous marcher sur la tête.