La méteo des mots

8. Mon cœur reste ouvert : histoire de mes ex (ou presque)

Kémi

Partie III : Une famille idéale ?

Le père de Kémi était fonctionnaire et sa mère avait sa propre société. Ses frères et sœurs étaient tous magnifiques. Il me donnait l’impression de la famille idéale.
J’ai présenté Kémi à mes parents. Il a dit à ma mère qu’il allait se marier avec moi. Mon père l’a bien apprécié. J’étais grande désormais, je faisais ma vie.

Kémi avait terminé sa formation et j’allais souvent le voir chez ses parents. Apparemment, j’étais la première fille qu’il amenait ici. La maison était assez vétuste, elle manquait cruellement d’entretien. Je sentais bien que ses parents en avaient honte. La chambre de Kémi, fidèle à lui-même, était souvent en bordel. Il avait une entrée privée, si bien qu’on n’avait pas besoin d’entrer dans la maison pour y accéder.

Le père de Kémi me paraissait être un homme très cultivé. Ils nous parlaient beaucoup. La première fois que je l’ai vu, j’étais un peu intimidée. Les autres fois j’étais plus tranquille mais sa présence me tendait un peu. Je ne savais jamais vraiment comment me comporter ou quoi dire en sa présence.

Pendant un moment, j’ai été plus proche de la famille de Kémi que de la mienne. Je vivais sous leur toit, mangeais parfois avec eux.
Je commençai à repérer les défauts de Kémi. Il se plaignait tout le temps et sa mauvaise humeur me plombait parfois. Mon énergie positive était encore assez forte pour ne pas y succomber totalement. (Pour l’instant)

A cette époque, j’avais les hormones en ébullition et j’avais envie d’avoir un enfant. C’était un besoin viscéral, animal. J’en avais parlé à Kémi et il me disait qu’il allait me faire un enfant. (Retenez bien ce point) On ne se protégeait plus du tout et j’avais arrêté de prendre la pilule à cause des effets secondaires.

Je me rappelle que pendant un mois ou deux, j’étais triste d’avoir mes règles. Lorsque celles-ci ne se présentèrent pas le mois suivant, je fus heureuse de faire un test de grossesse.
J’étais enceinte.
J’étais heureuse car c’était ce que je voulais. J’étais encore étudiante et j’habitais chez mes parents mais peu importe. Je crois qu’à l’époque je vivais sur une autre planète. (Folieland, peut-être)

J’annonçai ma grossesse à Kémi qui parut très content. Il l’annonça à sa mère.
C’était la fin de l’année scolaire. Je devais partir pour la France en septembre pour y poursuivre mes études. Au départ, je cachai ma grossesse à mes parents. Pas par honte ou remords. Je ne savais juste pas comment leur annoncer et préférais attendre le troisième mois de grossesse.
Kémi me rejoignit en hexagone. Il trouva un travail et emménagea avec moi dans mon logement étudiant. Quand j’annonçai ma grossesse à ma mère, cela lui fit un petit choc. Aujourd’hui, c’est la grand-mère la plus heureuse du monde.

Ce fut dur, je ne vais pas mentir. Vers la fin de ma grossesse, j’ai été alitée et je n’ai pas pu passer mes partiels. J’ai été mise à la porte de mon logement étudiant et avec Kémi on a habité plusieurs mois dans un logement insalubre de la taille d’une chambre.
Mais j’avais une foi inébranlable et je savais que les choses allaient s’arranger. Finalement, j’ai accouché sans complications. Grâce à des courriers que j’avais envoyés aux bailleurs sociaux, on a fini par obtenir un logement social avec deux chambres, un salon et sa cuisine séparée. On devait juste attendre la fin des travaux. On était sur un petit nuage.

C’est à ce moment-là que les choses basculèrent.

Un jour, le père de Kémi nous téléphona. Il nous fit une proposition. Il voulait envoyer la plus jeune des sœurs de Kémi (12 ans) vivre en France, chez nous. La plus grande des sœurs venait aussi en France, pour faire ses études, mais elle aurait un logement étudiant. Il nous paierait une partie du loyer et des charges.

On était des jeunes parents, seul Kémi travaillait. L’avenir était incertain. Poussé par son père, on accepta de recevoir sa petite sœur. On se disait qu’elle nous aiderait avec le bébé. Et puis, avec notre nouveau logement, il y aurait de la place pour l’accueillir.
Quand elle arriva, je compris tout de suite qu’elle n’allait pas bien. Ses parents lui manquaient, elle vivait mal la situation. Et puis, on se le dira plus tard, ni moi ni Kémi ne comprenions la raison pour laquelle elle avait été envoyée si jeune vivre à l’autre bout du monde.

La grande soeur n’avait pas encore trouvé de logement étudiant, alors en attendant elle vivait chez une tante. J’avais un peu plus de mal avec elle car elle avait un caractère qui ne matchait pas avec le mien. J’étais contente qu’elle ne vive pas chez nous. (lol)

Or, peu de temps avant qu’on emménage enfin dans notre nouveau logement, le père de Kémi m’appela pour me demander d’accueillir la plus grande chez nous. En effet, elle n’avait pas trouvé de logement (je pense qu’elle n’avait tout simplement pas cherché). Il me donna des conseils pour que notre cohabitation, à elle et moi, se passe bien. Bête comme je suis, j’acceptai de l’accueillir le temps qu’elle se trouve un logement.

Imaginez un peu la scène : je venais quasiment d’accoucher et j’avais non pas une mais deux personnes en plus à charge. La deuxième chambre qui aurait dû être celle de notre fille, avait en réalité d’abord été celle des sœurs de Kémi.
Je n’avais pas de problème avec la petite qui me faisait franchement de la peine. Mais la plus grande se révéla insupportable. Elle me donnait l’impression d’être une étrangère chez moi.

Rapidement une tension s’installa et s’intensifia à mesure que les mois passaient. Je dis à Kémi que ce n’était plus possible, qu’il fallait que la grande sœur parte. Lui avait le cul entre deux chaises. Il ne voulait pas froisser ses parents.
Un jour, le père de Kémi nous appela et demanda à ce qu’on soit tous réunis pour l’entendre. J’espérais du fond de mon cœur qu’il nous dise qu’il comptait prendre un logement pour les filles. Au lieu de cela, il fit un speech sur l’importance de la famille. Une phrase me fit vriller : il nous demanda d’être patients car les filles ne resteraient que deux ou trois ans de plus.
Je n’avais jamais accepté de les avoir toutes les deux et on me faisait comprendre que ça allait durer ? Impossible ! Un scandale a éclaté, quelques semaines plus tard. Je dis à Kémi que je ne tolérais plus cette situation et que je souhaitais que les filles partent.

Le père de Kémi appela ma mère pour me calomnier : j’étais ingrate et selon ses dires c’était grâce à lui si Kémi et moi avions obtenu un logement. (Pfff) Il fit même un lavement de cerveau à sa fille en lui disant que j’étais jalouse d’elle et que c’était pour cette raison que je ne voulais pas d’elle sur mon toit. Sur les réseaux sociaux, la sœur de Kémi publia des statuts acerbes à mon encontre. Je lui envoyai un long message, plein de rage je l’avoue, pour lui dire que j’avais uniquement un problème avec ses parents et qu’elle ferait mieux de rester en dehors de tout ça. Puis je la bloquai.

J’étais à bout. Dîtes vous qu’après ça, on continua à cohabiter ensemble pendant plusieurs mois avant qu’elles ne partent. Je ne leur adressai plus la parole.
J’étais en colère contre Kémi car au final j’avais l’impression d’être la méchante dans l’histoire. J’ai dû lancer un ultimatum (qu’elles partent à telle date de la maison sinon elle seraient mise à la porte) pour que les choses changent.

Ça a créé une profonde cassure entre Kémi et moi. Sa famille me détestait désormais. J’avais découvert que son père était un manipulateur hors pair et compris pourquoi Kémi avait une relation aussi compliquée avec lui.

A cette époque, j’avais déjà envie de quitter Kémi.
Il me dégoutait. J’avais l’impression qu’il n’était pas de mon côté, qu’il me voulait du mal. J’ai arrêté de faire l’amour avec lui. J’ai arrêté de l’embrasser. Puis, un jour, il s’est mis à dormir sur le canapé.

Ça a duré des années.