9. Mon cœur reste ouvert : histoire de mes ex (ou presque)
Kémi Partie IV : PN ou pas PN ?
Au bout de deux ans passés, j’avais déjà envie de quitter Kémi. Mais je me disais que je n’avais aucune raison valable. Il était gentil, me disait qu’il m’aimait, m’offrait des cadeaux et m’emmenait au restaurant. On partageait le plus clair de notre temps ensemble. Objectivement, il semblait parfait.
Mais plus les années passaient et plus je changeais. Je n’étais plus aussi coquette qu’avant. J’avais changé de coupe de cheveux et ne portait plus de maquillage. Il me disait que j’étais mieux ainsi. Même mes goûts musicaux et cinématographiques étaient influencés. Quand on écoutait de la musique ou qu’on regardait un film, c’était toujours lui qui choisissait. Je voyais bien, quand j’essayais de lui faire découvrir mes goûts, que cela ne l’intéressait pas.
Je suis rentrée dans son monde à pieds joints. C’est ce qui m’a perdu.
La naissance de notre fille a été un grand tournant. Je me suis consacrée à la maternité à fond. Je n’étais plus qu’une mère. Je ne prenais plus soin de moi, de mon apparence. Je me disais que l’apparence ne comptait pas. A l’époque, je pensais à moi en dernier.
Durant ma grossesse, Kémi était physiquement présent (logique, il vivait avec moi), mais je ne dirai pas qu’il était investi. Il ne m’aidait ni pour le ménage ni pour la cuisine. Une fois, j’ai dû nettoyer sa chaussure pleine de crottes de chien (bonjour la toxoplasmose).
Lorsque notre fille est née, je l’ai aidé à prendre son rôle de père. Je l’encourageais à donner le biberon, à changer les couches. Il changeait rarement notre fille. Il disait que cela le dégoûtait. Je venais à peine d’accoucher de notre fille qu’il voulait déjà reprendre une activité sexuelle. Il me semblait qu’il pensait davantage à son plaisir qu’au mien et qu’au bien-être de notre enfant.
Quand ses sœurs sont venues vivre chez nous, il leur donnait souvent la petite à garder. Il disait qu’il voulait “profiter de sa femme en paix”. Quelques années plus tard, il dirait qu’il regrettait d’avoir été père si tôt. Une blague ! Comme dit dans l’écrit précédent, a l’époque lui aussi prétendait vouloir un enfant.
J’ai remarqué qu’il était capable de dire une chose et son contraire, qu’il aimait être au centre de l’attention et imposer ses idées. Quand je lui parlais de la charge mentale des femmes, il me disait que cela n’existait pas. Il disait qu’il détestait les féministes (en prenant pour exemple des femmes qui sont tout sauf féministes). Il jouait avec les mots, les extrêmes. J’avais l’impression que je ne pouvais jamais avoir raison avec lui.
Quand je suis arrivée en France, j’ai côtoyé un peu ma famille qui vivait là. Kémi ne parlait presque plus à personne dans sa famille proche. Il me disait de faire attention, sous-entendait que certains membres de ma famille paraissaient hypocrites. J’ai remarqué que même dans le cadre amical ses relations ne duraient pas. Il lui arrivait de fréquenter des gens pendant un moment puis de ne plus leur parler du tout.
A la fin de ma grossesse, j’étais à deux doigts d’abandonner mes études. Il m’y encourageait. Si je n’avais pas écouté un professeur bienveillant, je n’aurais jamais obtenu mon diplôme.
Il pouvait être joyeux, agréable pendant des semaines puis pendant quelques temps avoir des phases de down où il était mélancolique et se plaignait de tout. Dans ces moments-là, il était impossible de le raisonner.
Plus notre fille grandissait et plus j’avais le sentiment (légitime) de tout faire toute seule. La colère grondait, notamment avec l’histoire avec ses sœurs. Je lui avais fait comprendre que notre couple était en danger. Une fois, après une dispute, il avait cogné dans le mur. Je me rappelle que cette scène m’avait choqué.
Quand notre fille a eu un an, je me suis mise à travailler. Lui avait arrêté car son travail ne lui plaisait plus. Les filles étaient parties et on était enfin seuls tous les trois dans notre logement. Quand j’étais enceinte, c’était lui qui payait les courses et le loyer. J’estimais que j’étais redevable et durant cette période où il ne travaillait pas, je décidai de payer intégralement le loyer (alala, quand on est bête…).
Il y a une chose que je n’ai pas dite à propos de Kémi : il est très, extrêmement, dépensier. Alors oui, il me faisait beaucoup de cadeaux, quitte à se mettre en difficulté. Je lui faisais aussi des cadeaux. Il avait des goûts de luxe. Bon, j’exagère un peu mais les cadeaux que je lui faisais étaient chers pour la pauvre étudiante que j’étais. Souvent, il me disait que mes cadeaux étaient des investissements. Je l’aidais à payer son matériel vidéo. Or, avec le peu de clients qu’il avait, je voyais bien qu’il n’arrivait pas à amortir le prix de son matériel. J’ai appris que son père payait l’intégralité de notre loyer, à l’époque où ses sœurs vivaient chez nous. Kémi travaillait encore. Malgré cela, ce n’était jamais assez. Il manquait toujours d’argent. Petit à petit, je comprenais qu’il avait un souci de gestion financière.
Quand on a emménagé dans notre logement social, on avait très peu de moyens. Kémi a voulu prendre un crédit pour acheter des meubles. J’ai essayé de le convaincre que c’était une mauvaise idée. Il ne m’a pas écouté et a même contracté deux crédits (je ne l’apprendrai que plus tard).
Un jour, alors que j’étais au travail, j’ai reçu un long message de sa part. Il m’expliquait qu’il avait contracté des dettes auprès de notre bailleur. J’étais choquée. Moi qui lui envoyais l’argent intégral du loyer tous les mois depuis qu’il était au chômage ! Il m’expliqua qu’à cause de ses prêts, ses comptes étaient souvent à découvert et que parfois, quand le prélèvement du loyer passait sur son compte, il n’y avait plus la somme exacte que je lui avais donné…
Cela durait depuis quelques mois. Mon sang ne fit qu’un tour. Je le pris comme une trahison, pire que la fois où j’avais trouvé des préservatifs dans son sac et qu’il m’avait dit que c’était pour un ami.
Il m’assura qu’il allait régler cette dette seul (encore heureux). Je lui mis un ultimatum : à partir de septembre il devait avoir trouvé un travail car désormais chacun paierait sa part du loyer. J’en profitai également pour modifier le compte de prélèvement du loyer sur le mien.
Ce fut dur à avaler. Pour toutes ses raisons, à plusieurs reprises, j’ai voulu le quitter. Mais il savait si bien me convaincre qu’il allait changer. Et puis, pendant longtemps, j’étais convaincue que personne d’autres que lui ne pourrait m’aimer, m’accepter.
Je suis partie seule avec ma fille en vacances chez mes parents. Ce fut quatre semaines de pur bonheur. Loin de lui, loin de Paris, je revivais. Il m’appelait tous les jours, pour prendre de nos nouvelles. Il disait qu’on lui manquait. Je n’osais pas avouer que ce n’était pas réciproque. De retour chez moi, je retrouvais une maison sale, pleine de poussière. Je tombai malade et mon moral baissa à nouveau.
Cela faisait des années que l’on avait plus fait l’amour. De temps en temps, il me faisait des allusions. Me disait que cela lui manquait. Il ne semblait pas comprendre que ce n’étais pas qu’une question de sexe.
Un jour, je craquai. J’enchaînais les infections ORL à répétition, je dormais mal, j’étais stressée et triste. Je lui envoyai un message pour lui dire que je n’étais plus heureuse avec lui. Il accepta la situation. J’attendais le week-end pour avoir une conversation avec lui mais je tombai très malade à ce moment là. Il prit soin de moi durant tout ce temps.
Finalement, il m’envoya un message pour me dire qu’on devait se séparer, qu’il voulait vivre et reprendre confiance en lui. Je lui répondis ok.
Sur le moment, je me sentis soulagée.
Je commençais déjà à imaginer ma vie sans lui. Comme j’étais la seule à avoir un CDI, il me proposa (ou m’imposa ?) de garder le logement. Ce serait plus facile pour moi d’en trouver un nouveau.
J’annonçai ma séparation à ma mère (peut-être comme pour me convaincre que c’était vraiment finie ?). Elle tomba des nues, m’en voulu presque de quitter Kémi. Elle n’imaginait pas tout ce que j’avais vécu !
Quelque chose me tracassait. J’avais l’impression qu’on se séparait sans qu’il comprenne ce que je lui reprochais. Alors, je lui envoyai un message pour lui dire tout ce que j’avais sur le cœur.
Il me répondit qu’il ne savait pas, qu’il comprenait mieux ce que je ressentais.
Et vous savez quoi ?
On se remit ensemble.