La méteo des mots

Bonus : Mon cœur reste ouvert : histoire de mes ex (ou presque)

Malik, le baratineur

J’ai rencontré Malik à mon travail. On travaille dans le même bâtiment mais pas pour la même société. Il est chargé de la surveillance. Un jour, en passant comme d’habitude dans nos locaux, il m’a demandé de lui commander le livre “Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus” (c’était déjà annonciateur). En bonne professionnelle, je me suis exécutée. Puis, il m’a demandé mon numéro de téléphone. Bizarrement, je ne me suis pas méfiée.

Ça faisait un petit moment qu’aucun homme ne s’était intéressé à moi. Depuis que j’étais en France, je ne me faisais plus draguer dans la rue. Ça changeait un peu d’où je venais. Honnêtement, ça me manquait un tout petit peu.

Je lui ai donc donné mon numéro de téléphone en me disant que notre relation serait juste un peu plus amicale. J’étais la seule noire de mon service, lui est sénagalais, il souhaitait sûrement faire connaissance (si vous avez suivi, je suis du genre naïve). Bon, j’avais quand même flairé quelque chose car je lui ai bien précisé :
- Je ne suis pas célibataire et heu… pas intéressée.
Il a fait comme s’il ne comprenait pas où je voulais en venir et je me suis sentie un peu bête. Peut-être qu’il me demandait mon numéro juste pour le boulot ?

Les jours ont passé. Petit à petit, on commença à échanger de plus en plus. Il passait un peu plus souvent dans mes locaux. Parfois, il m’observait. Il m’envoyait un message pour me dire qu’il savait où je me trouvais grâce aux caméras de surveillance. (On se serait cru dans You, avec lui dans le rôle de Joe, le psychopathe). Il me complimentait, me disait que j’étais belle, intelligente et gentille, à la différence des filles qu’il connaissait et qui étaient selon lui superficielles.

Je ne vais pas mentir, ça me faisait du bien de recevoir des compliments. Parfois, avant de rentrer chez moi, je passais le voir à son bureau pour discuter. On ne parlait jamais en profondeur mais la discussion était agréable. Il était un peu rigolo, taquin. Quand je lui demandais des nouvelles de ses amours, il me disait qu’il en était toujours au même point : c’était dur de trouver la perle rare. Puis, il me regardait avec des yeux languissants et me disait qu’il aurait aimé être avec une fille comme moi.

Les années sont passées comme ça. Même s’il était sympa, j’étais un peu méfiante vis à vis de lui. Quand il me proposait de se voir en dehors du travail, je refusais. Je ne voulais pas me retrouver seule avec un homme susceptible d’abuser de moi… En plus, je trouvais certains de ses comportements bizarres. Par exemple, quand on se voyait dans les locaux en présence de mes autres collègues, il me saluait en me vouvoyant. Il disait qu’il faisait ça exprès, pour qu’on ne sache pas pour nous. Quel nous ? Il n’y avait rien à cacher.
Lasse, j’ai arrêté de lui parler. Je n’envoyais plus de messages en premier et n’allais plus le voir à son bureau.

A plusieurs reprises, j’ai supprimé son numéro. J’effaçais aussi nos conversations. Pas par peur que Kémi ne les surprenne, mais parce que Malik avait parfois le don de m’agacer. Quand je lui enverrai un message après deux semaines sans lui parler, il me faisait des reproches. Je me demandais si c’était une façon de parler/d’être (au vu de notre différence culturelle) ou juste son trait toxique. Il me faisait aussi croire que de son côté on était juste amis puis le lendemain, il recommençait sa drague à deux balles.

Un jour, en revenant de vacances au pays, il m’a offert un cadeau : une robe ainsi qu’un petit sac et son porte-monnaie assorti. Je ne m’y attendais pas. J’étais très touchée. Pour le remercier, je l’ai pris dans mes bras. Ça faisait un moment qu’il tentait un rapprochement physique, mais j’essayais le plus possible de l’éloigner.

Pendant un certain temps, il arrêta ses allusions. J’en vins à croire que j’avais enfin un véritablement ami.

Je ne sais pas quand exactement mais à un moment il m’avoua explicitement ses sentiments. J’étais la femme qu’il lui fallait. J’avais beau lui dire qu’il trouverait mieux que moi, il campait sur ses positions. Je me rappelle la fois où on était seuls dans la salle de déjeuner. Il m’avait regardé avec un regard dur en disant qu’il était impossible qu’il trouve une autre fille comme moi. Son regard et le silence qui avait suivi m’avait fait froid dans le dos.

Avec Kémi, ça allait de pire en pire. Malik avait ses défauts mais dans l’ensemble il était charmant et son uniforme me faisait fantasmer. Je nous imaginais en train de faire l’amour dans des coins cachés du bâtiment.

La plupart du temps, on s’échangeait des messages pendant nos heures de travail. Or, petit à petit, il avait commencé à m’en envoyer quelques-uns en tard le soir. Pour mon anniversaire, il m’offrit des livres et je lui fis également un petit cadeau. Un jour, au cours d’une conversation, il m’avoua de nouveau ses sentiments, un peu plus appuyé. Comme d’habitude, il me proposa de se voir en dehors du travail. Cette fois-ci, je tombai dans le panneau. J’acceptai. J’avais faim. Je savais que si j’allais à ce rendez-vous, j’allais succomber. Il allait forcément tenter quelque chose et j’allais me laisser faire.

Quelques jours avant notre rendez-vous, j’étais un peu stressée. Je ne suis pas du genre tromper. Et puis, les intentions de Malik me semblaient flous. Que voulait-il réellement ? Je lui envoyé un message en soirée, lui disant qu’il me mettait dans une position délicate par rapport à mon conjoint.
Il me répondit qu’il ne comprenait pas de quoi je parlais. Je lui épinglai le message où il m’avouait ses sentiments. Et que me répondit-il ?

Rien. Silence radio.

Je fus en colère. Je commençai à me dire qu’il avait probablement une femme, ce qui expliqerait le fait que nos échanges soient cantonnés à des horaires très précis.
Je me dis alors que notre rendez-vous serait l’occasion de mettre les points sur les i.

Or, le jour fatidique, Kémi avait quelque chose de prévu et au final on ne se vit pas.
Un signe de Dieu peut-être ?

Je ne saurai jamais Malik est sincère. Il ne l’a probablement jamais été.

Je ne sais même pas si je peux le considérer comme un ami.

Jusqu’à présent on ne s’est pas vu en dehors du travail et c’est très bien comme ça. Il me fait penser à un charmeur de serpent. Sa musique ( ses compliments) ont failli avoir raison de moi.

Mais le charmeur doit faire attention : parfois, le serpent mord.